Présentation de la collection Textica

La collection Textica est dédiée à la publication des écrits élaborés par Jean Ricardou dans le cadre de la discipline appelée Textique, ainsi qu’à la promotion d’études accomplies dans cette optique.

Les travaux de textique produits par Jean Ricardou se composent de trois ensembles.

Le premier ensemble est constitué par un “massif théorique” regroupant les aspects essentiels de la discipline et comportant quelque mille quatre cents pages, issues d’une rédaction progressive, poursuivie par Jean Ricardou au cours des trente dernières années de sa vie. Il l’a d’abord nommé Compendium textique, puis Promptuaire textique, pour lequel s’est ensuite imposé durablement le titre Intelligibilité structurale de l’écrit. Cet ouvrage, dans son évolution la plus récente, est distribué en dix fascicules, le premier, intitulé Unification fondamentale, regroupant les outils conceptuels principaux de la discipline. Ce fascicule 1, revu de fond en comble par le théoricien, peu de temps avant sa disparition à l’été 2016, et encore développé, avait été scindé en trois fascicules, intitulés Intellection textique partagée, Intellection textique de l’écrit et Intellection textique de l’écriture, qui ont été publiés en 2017 dans la collection Textica.

Si fondamentaux que soient ces trois volumes, ils ne constituent cependant qu’une  approche en généralité et ne forment qu’une partie du socle théorique de la discipline. C’est pourquoi il est prévu de faire paraître progressivement l’ensemble des dix fascicules, dans leur évolution la plus récente, telle que Jean Ricardou l’avait mise au point en 2015 pour le premier, en 2013 pour le deuxième, et en 2006 pour les huit autres. Cette volumineuse somme détaille l’appareil conceptuel et fournit des exemples fouillés, souvent pris dans la littérature classique française. Pour préluder à cet ensemble, sera intégré sur le présent site, dans la rubrique intitulée Carnets de textique, ce qui fut le premier exposé synthétique de la “fraîche discipline”, à savoir le Compendium textique, que Jean Ricardou avait rédigé en 1991 pour la troisième session du séminaire annuel de textique qu’il avait organisé à partir de 1989.

Le second ensemble est fourni par les études qu’a élaborées Jean Ricardou en mobilisant la textique, pour des revues ou des colloques, mais aussi, plus spécialement, comme contributions au séminaire annuel de textique, d’abord désigné par le détonant acronyme Semtex, puis par celui plus ajusté de Semtext. Ces écrits spécialement destinés au Semtext n’ont fait l’objet pour la plupart que d’une diffusion restreinte, de sorte qu’ils ne seront pas repris dans les derniers volumes de L’Intégrale Jean Ricardou. Centrés sur un problème théorique ou l’analyse d’un objet particulier, ils étaient adressés, tout comme Intelligibilité structurale de l’écrit dans son évolution de l’année en cours, aux participant(e)s des séminaires qui se sont déroulés chaque été, de 1989 à 2015, au Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle, associant des chercheurs avertis et des personnes curieuses de découvrir la textique.

C’est à ce type d’écrits que ressortissent Intelligibilité structurale du trait et Grivèlerie qui – avec Un aperçu de la textique de Gilles Tronchet – constituent les premiers volumes, parus en 2012, de la collection Textica dirigée par Jean Ricardou. La première étude proposait l’analyse ”de capitaux problèmes méconnus (autour du “trait”)”, et, la seconde, l’expertise “d’une étrange malversation, commise par un célèbre écrivain du XXe siècle (Marcel Proust, dans À la recherche du temps perdu), trop longtemps maintenue sous silence (l’inexacte citation du passage de Chateaubriand sur le ”chant de la grive”)”.

Le troisième ensemble est formé par les documents nommés fiches, à usage interne d’un groupe de travail d’abord désigné par le cérébral acronyme de Cortex (pour Cercle Ouvert de Recherche en TEXtique), puis par celui plus ajusté de Cortext. Chaque fiche, émanant d’un(e) participant(e), était adressée à tous les autres membres de cette “petite société d’entraide intellectuelle”, comme la nommait Jean Ricardou. Il l’avait organisée à partir de 1994 en vue de développer, durant les intervalles séparant les sessions du Semtext, entre celles et ceux qui collaboraient au développement de la textique, des échanges de vues et la mise en commun de leurs travaux respectifs. La collection très nombreuse de ces envois comporte des milliers de pages dont le propos, parfois très technique, d’autres fois lié à des discussions conjoncturelles, ne justifie pas une diffusion intégrale. Cependant certaines études présentées dans ce cadre ainsi que diverses réflexions sur des problèmes théoriques méritent l’attention bien au-delà du groupe qui en était le destinataire.

L’abondance, au sein des deuxième et troisième ensembles, de travaux inédits, susceptibles d’intéresser non pas seulement comme des apports internes à la théorie textique mais également comme des éclairages novateurs sur de multiples objets, qu’il s’agisse d’œuvres littéraires ou plastiques, de problèmes épistémologiques ou philosophiques, engage à les faire connaître au plus vite. En même temps la masse de cette production rend malaisée une publication en volumes, au moins dans l’immédiat. C’est pourquoi il a été décidé d’en faire d’ores et déjà paraître en ligne, dans le cadre du présent site, une série d’occurrences significatives. C’est à ce rôle que sont voués les Carnets de textique : cette rubrique puise parmi les écrits de Jean Ricardou et de personnes qui ont durablement œuvré à ses côtés, avec l’ambition de montrer l’éventail des domaines que la discipline permet d’aborder et le degré d’élucidation qu’elle permet d’atteindre.