Un Ricardou méthodique Prologue

“Je ne suis pas tout à fait celui que vous croyez.”

Jean Ricardou, Révélations minuscules, en guise de préface, à la gloire de Jean Paulhan, passim (in Révolutions minuscules, seconde édition, Les Impressions nouvelles, 1988).

 

3 décembre 1983

Mallarmé avait traversé le problème de l’espoir: arriver au-delà de l’espoir, à un point où l’on n’espère plus, donc on n’est plus déçu. C’est de là que vient son exquise politesse. Il faut se dire: « Je ne sombrerai pas dans la médiocrité, la bassesse générales. Et là où je suis, les choses seront faites le moins mal possible. » C’est un bouddhisme positif. La perfection par l’annulation des passions. Le perfectionne­ment par l’exercice toujours plus raffiné de l’intelligence, qui doit permettre de subsister encore un peu. Quand on croit à des utilités immédiates, sociales, on est toujours déçu (par exemple dans le militantisme). On ne peut avoir que la possibilité de faire pour le mieux, et que cela donne envie aux autres d’en faire autant.

(extrait de Les mots dits – Jean Ricardou au fil des phrases, de Noëlle Riçœur, inédit)