Jean Ricardou, collection Textica, t. 8. Salut aux quatre coins: Mallarmé à la loupe
Les Impressions nouvelles, 2019 – 480 p. – 32 euros
Information publiée le 15 novembre 2019 par la Revue Fabula
article consultable sous le lien :
https://www.fabula.org/actualites/jean-ricardou-salut-aux-quatre-coins_91822.php
Tout un épais volume pour un unique sonnet de Mallarmé?
Oui, mais c’est qu’il y a dans Salut une complexité qui semble avoir échappé jusqu’à présent à la communauté mallarméenne. C’est aussi que Jean Ricardou livre ici, outre une scrupuleuse lecture, une illustration éblouissante des capacités exploratoires de la discipline qu’il avait initiée sous le nom de textique.
Ce 8ème cahier de la collection Textica donne accès à un travail laissé inédit par Jean Ricardou. Il est rédigé sous la règle dite « bizonale », qui cantonne la technicité dans certaines zones immédiatement identifiables. Ainsi, il peut être lu aussi bien par une personne qui ne connaît pas les concepts textiques, voire souhaite continuer à les ignorer (il suffit de sauter ces visibles « technoscrits ») que par qui souhaite au contraire les découvrir, voire en approfondir la connaissance (il lui faut alors parcourir avec attention lesdits « technoscrits »).
Une stupéfiante redécouverte d’un poème aussi connu que méconnu.
(d’après le site de l’éditeur)
Extrait de l’Avant-propos de Gilles Tronchet:
Comme pour Intelligibilité structurale de la page, il s’agit de donner accès à un travail inédit et restée plusieurs années en suspens (l’ultime révision remonte à 2006).
Consacré non à l’investigation d’un domaine impliqué par d’innombrables écrits, comme les divers types d’agencements qu’admet la page, mais à l’analyse d’un unique objet et de ses particularités, un célèbre poème, en faisant apparaître, au fil de ses développements minutieux, un profus réseau de structures, cet ouvrage manifeste la capacité descriptive et l’aptitude exploratoire des outils conceptuels élaborés dans le cadre de la textique pour étudier un écrit.
Salut aux quatre coins n’a pas pour unique vertu d’exhiber, dans un poème célèbre, des structures jusque là peu remarquées: il vaut comme expérimentation réfléchie d’outils et de procédures, applicables à d’autres recherches du même ordre.
La lecture de Salut réalisée par Jean Ricardou repose sur une conception novatrice de l’activité critique. Celle-ci, comme elle procède à une analyse méthodique, pour peu qu’elle discerne des failles, tend à “mettre en crise” son objet, ce qui débouche logiquement sur un effort pour résoudre, grâce à la récriture, les problèmes détectés.
Ces prolongements de l’analyse par la récriture, qu’ils visent uniquement Salut ou plus largement le triptyque formé par les Poésies, Variations sur un sujet et Un coup de dés, témoignent non seulement d’une rigoureuse attention pour explorer les écrits concernés, mais aussi d’une scrupuleuse application pour traduire dans les faits une leçon majeure, avancée par Mallarmé lui-même, en des termes plus souvent célébrés que mis en pratique: promouvoir « la disparition élocutoire du poëte » grâce à une étude qui, foncièrement, “cède l’initiative aux mots”.
https://jeanricardou.org